Nolife, les outils (1) : le défi du .m3u

Ça faisait un moment que je voulais faire cette série d’articles alors je profite d’un moment de douce folie pour la commencer.

Nolife est une chaîne atypique de beaucoup de points de vue.
Sébastien Ruchet, le PDG, met cependant un point de départ assez clair à l’histoire de la création de la chaîne : la possibilité d’utiliser une régie de diffusion à très bas prix (quelques centaines d’euros) pour diffuser sur les réseaux IPTV ADSL. C’est véritablement le secret du début de l’aventure Nolife, car même si la forme actuelle de la chaîne est évidemment due à d’autres éléments bien plus importants, sans cette possibilité technique de base le projet n’aurait jamais pu voir le jour.

Ce système de régie appelé IPplay est proposé par la société Cognacq-Jay Images ; techniquement il s’agit d’un simple PC doté d’un disque dur contenant les fichiers vidéo des émissions déjà compressés au format MPEG2 et encapsulés dans un flux TS (transport stream). Le logiciel met bout à bout (concatène) les fichiers et les envoie tels quels sur le réseau de Free, et ce flux est décodé nativement par les freebox.

Ce système a l’avantage de ne pas nécessiter de hardware coûteux (cartes de sorties vidéo pro, système d’automation coûteux et compresseurs MPEG2 IP broadcast hardware). Une simple connexion FTP permet d’envoyer les fichiers sur le serveur.

Il possède également de nombreux inconvénients. Tout d’abord sur le format des fichiers : les logiciels permettant d’encapsuler du MPEG2 dans un flux TS corrects se comptent sur les doigts d’une main. Et dans tous les cas, la concaténation des fichiers est aléatoire, des inconsistances de timestamp ou de timecode sont monnaie courante. Le second problème est que ce système n’est directement compatible qu’avec les terminaux de Free (freebox). Pour les autres réseaux, il faut tout de même passer par des encodeurs MPEG2 IP hardware. Si le format du MPEG2 ou du flux TS est incorrect, cela peut faire planter les freebox ou les encodeurs hardware (problème qui s’est souvent posé sur Nolife, et une seule fois la chaîne a même provoqué des écrans bleus chez ceux qui la regardaient avec VLC ! Bug de IPplay qui fut corrigé par la suite).

Enfin, l’inconvénient le plus gros n’est pas forcément le plus évident ! Pour jouer des fichiers dans IPplay, il faut fournir à ce dernier des playlists. Celles-ci sont de simples fichiers texte nommés « m3u » qui contiennent le nom des fichiers à jouer les uns après les autres. La date et l’heure de lancement de la playlist est indiqué dans le nom du fichier de la playlist : par exemple la playlist « 2010_02_01_19_00_00.m3u » se lancera le 1er février 2010 à 19h. Si un programme est en cours de diffusion, la playlist sera lancée à la fin de ce dernier.

Ce système simple à un défaut : il est simple ! Même pour une chaîne qui démarrait comme Nolife, le problème s’est très rapidement posé de l’automatisation de la création de playlists. La grille originale était pourtant relativement basique : plages de clips, émission (101%), plage de clips, émission… mais il fallait créer toutes les playlists à la main dans notepad, sans se tromper dans les noms de fichiers, choisir les clips à passer pour des plages de plusieurs heures, etc, tout cela quotidiennement.

Nolife n’aurait pas pu continuer avec ce seul système de diffusion, qui était à la base prévu pour boucler la même playlist toutes les 30 minutes (donc pour une chaîne de TV à la grille très simplifiée et redondante à l’extrême). C’est grâce à l’ingéniosité de plusieurs personnes qui ont développé des outils que l’équipe de la chaîne a pu se consacrer sur le contenu plutôt que sur la création du conducteur antenne proprement dit.

Sans parler du site web et de Nolife Online, qui ont à eux seuls une histoire aussi torturée que tumultueuse sous l’égide de Debug, Alesk et Seb, des outils ont été spécifiquement développés par ou pour Nolife afin d’automatiser beaucoup d’aspects de la conduite antenne ainsi que simplifier la gestion d’autres aspects de Nolife.
Voici une liste non-exhaustive :

– Marvin
– LogoLife
– Time Attack
– Papoum !
– Shin Papoum !
– OtomeGUI

…à la prochaine fois pour plus de détails !

6 réflexions sur “Nolife, les outils (1) : le défi du .m3u”

  1. C’est limpide et ça ressemble énormément à notre propre système (à l’exception qu’on utilise VLC directement, mais je crois savoir qu’il était inadapté dans votre cas).

    Et du coup je me suis toujours demandé comment vous faisiez pour diffuser sur plusieurs bouquets (aux encodages différents) en même temps. C’est toujours du MPEG2 TS à destination de Free, et du réencodage temps réel pour les autres FAI ?

  2. yoann007 > Oui c’est ça. Pour Orange le signal est décompressé et envoyé en vidéo dans une autre société de diffusion. Pour SFR le flux MPEG2 TS est recompressé en hardware en MPEG4 TS par les encodeurs de SFR.
    VLC n’était pas stable, il plantait très souvent, l’automatisation du chargement des playlists était impossible et l’enchaînement des vidéos se faisait mal. Cette solution a été abandonnée avant le lancement de la chaîne.

  3. Super intéressant Cyril !
    J’espère prochainement un article sur la majorité des outils qui vous simplifie la vie 🙂

  4. C’est vraiment sympa de ta part de prendre le temps
    d’ecrire sa, pour informer j’apprécie.

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